Comment l’enseignement du bouddhisme et la science éclairent ensemble la vie.

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Présentation du livre

Pourquoi sommes-nous en ce monde ? Pourquoi la vie existe-t-elle ?

À la première question, le bouddhisme apporte une réponse encore peu connue en Occident. Cependant l’idée de la renaissance et surtout du karma commence à faire son chemin. Tout serait plus clair si nous pouvions nous souvenir de nos vies antérieures, or c’est possible grâce à une technique de concentration dont le principe est simple, mais qui demande beaucoup d’effort, moins connue que la méditation de pleine conscience. L’auteur de ce livre la pratique depuis plusieurs décennies, après avoir rencontré un ancien ermite du Laos ayant poussé sa concentration au maximum.

En se basant sur ces observations, des philosophes bouddhistes sont arrivés à la conclusion que la conscience est à la base de tout, que c’est nous-mêmes qui créons notre monde, un point sur lequel les neurosciences et la mécanique quantique sont partiellement d’accord. Cet ouvrage très bien documenté, mentionnant les découvertes les plus récentes, montre comment les regards croisés du bouddhisme et de la science éclairent la vie. Ils réfutent l’existence de Dieu, car c’est nous-mêmes, et personne d’autre, qui sommes responsables de nos vies.

Le Grand Maître Phramaha Thawanh Thitangkouro
Phramaha Thawah Thitangkouro assis contre le mur et Serge Lorin (votre humble serviteur) à droite, en juillet 1986, lors de son ordination.

Avant-propos

Il y a des rencontres qui marquent toute une vie. Durant ma jeunesse, j’ai eu la chance d’avoir pu fréquenter un moine laotien, Phramaha Thawanh Thitangkouro, qui avait vécu en ermite deux ans dans la forêt de son pays pour pratiquer la concentration sur la respiration en toute tranquillité. Il avait donc pu aller jusqu’au bout… car cette technique de concentration mène quelque part et je n’ai moi-même pu effectuer qu’une partie de ce chemin.

Disons-le tout de suite : elle permet l’acquisition de « pouvoirs » tels que le souvenir de ses existences antérieures. Il n’est pas possible de vérifier scientifiquement celui-ci, mais on acquiert également la capacité de connaître les pensées d’autrui, ce qui est parfaitement vérifiable. Malheureusement, ce grand maître laotien est mort depuis une trentaine d’années et je ne connais personne d’autre qui ait parcouru ce chemin jusqu’au bout. Je suis d’ailleurs le seul Français, voire le seul Européen, à conserver sa mémoire.

Le fait de se souvenir de ses existences antérieures et de voir d’autres personnes mourir et renaître donne une réponse immédiate au problème de l’existence individuelle : nous sommes nés parce que nous l’avons voulu. Nous avons en effet une soif de vivre profondément enracinée en nous, qui nous pousse à renaître après notre mort. Bien qu’une partie de ces processus soit inconscients, nous sommes responsables de nos vies, mais cela ne répond pas au problème de notre existence collective. Je pense, à titre personnel, que l’on peut trouver la réponse lors de ce que les bouddhistes appellent l’Éveil mais qu’il est impossible de l’expliquer par le langage ni par quelque autre moyen que ce soit, parce qu’elle transcende complètement nos existences individuelles. Il ne peut pas exister de représentation mentale de cette réponse, d’où l’impression de mystère que donneront toujours nos vies.

Être bouddhiste, c’est admettre que le Bouddha a trouvé cette réponse et qu’il a enseigné le moyen de la trouver. Il comprend la pratique de la concentration sur la respiration. Elle n’est absolument pas religieuse, puisqu’elle consiste simplement à fixer son attention sur le frottement de l’air contre ses narines pendant chaque inspiration et expiration. Ce n’est pas plus religieux qu’une quelconque pratique sportive mais c’est un sport de l’esprit. Il est nécessaire de s’isoler pour ne pas être dérangé, ce qui est difficile dans notre monde. Les bruits, notamment, sont très gênants.

Dans le présent ouvrage, je commence par parler de mon expérience personnelle, ce qui vous permettra de savoir qui je suis, et comment j’ai pratiqué cette technique de concentration. Vous verrez que, bien avant de conférer des pouvoirs surnaturels, elle apporte d’immenses bienfaits. Je suis surpris qu’elle ne soit pas aussi connue que la méditation de pleine conscience, que je décris brièvement au chapitre 3 pour expliquer son rôle dans cette tradition spirituelle.

Lors d’un discours devant un roi, le Bouddha a fait une description du chemin vers l’Éveil en présentant les bénéfices que l’on en tire. Dans le deuxième chapitre, je donne une exégèse de ce texte, intitulé Le fruit de l’état de religieux. Vous verrez que ce « religieux » n’est pas l’adepte d’une religion, mais un individu qui se retire du monde pour pratiquer des techniques de concentration. Originellement, le bouddhisme n’est pas une religion. C’est une discipline mentale comprenant un aspect moral strict. Pour progresser sur le chemin, il est nécessaire de se débarrasser de certains obstacles, comme le désir sensuel et la malveillance. Il faut se livrer à une véritable purification de son esprit. C’est à cette condition que l’on peut goûter à ces « fruits ». L’avidité et la haine nous empêchent de nous souvenir de nos vies antérieures ! Mais aussi, plus largement, toute cette agitation mentale caractérisant les êtres humains. La moralité est par conséquent la première étape de la pratique.

Dans l’Aṅguttara Nikāya (I, 10), le Bouddha déclare que l’esprit est d’une clarté resplendissante mais qu’il est souillé par des impuretés adventices (ajoutées et pouvant donc être retirées). Le terme qui désigne l’esprit est citta, la conscience discriminante. À la fin de son discours au roi, le Bouddha explique comment le karma guide les renaissances. Bien entendu, vous n’êtes pas obligé de le croire. Il s’agit d’un enseignement à vérifier par soi-même, mais si cela pouvait convaincre certaines personnes de ne pas prononcer de mauvaises paroles ni effectuer de mauvaises actions, ce serait bénéfique pour tout le monde. Je n’ai réellement pas d’autre enseignement « religieux » à donner.

Dans le troisième chapitre, je présente la conception bouddhique de l’esprit et du corps, qui se trouve en accord avec la science moderne. On verra que l’idée du soi n’est qu’une construction de l’esprit. Cela implique l’inexistence d’une âme éternelle et immuable passant de corps en corps. Il n’y a qu’un flux de phénomènes physico-psychiques interdépendants et conditionnés, mais cela n’empêche pas les effets du karma d’être bien réels. Le seul point de désaccord entre la science et le bouddhisme est l’affirmation que nos actes ont des conséquences dans d’autres vies, après notre mort. Cela s’explique par le fait que le monde est spirituel au lieu d’être matériel. Cette idée a été développée vers le IIIe siècle de notre ère par deux philosophes, Asaṅga et Vasubandhu, et leur doctrine s’appelle le Yogâtchâra. Je la présente dans le quatrième chapitre. Selon elle, la conscience n’est pas une émanation du cerveau. C’est au contraire le cerveau, notre corps et tout le monde matériel, qui émergent de la conscience. Cette philosophie a dû supposer l’existence d’une couche profonde de notre esprit, la conscience de tréfonds, correspondant à ce que la science appelle l’inconscient, mais qui s’étend jusqu’au-delà de la mort. Elle subsiste après notre décès, alors que toutes nos consciences s’éteignent, et guide notre renaissance.

Je ne considère pas le Bouddha comme un philosophe mais comme un méditant qui a « vu » des choses et comme un maître spirituel. En revanche, Asaṅga et Vasubandhu sont des philosophes, quoique le premier ait d’abord été un méditant. On parle d’eux comme on parlerait de Kant et de Schopenhauer, le second ayant d’ailleurs été inspiré par le bouddhisme. Kant a lui aussi, à sa manière, mis en cause la réalité de notre monde. Le bouddhisme a inspiré de nombreux philosophes durant le premier millénaire de notre ère, dont le plus célèbre est Nâgârjuna. Son Traité du Milieu a été traduit en français mais il est extrêmement difficile à lire. Toutes ces œuvres sont d’autant plus abstruses qu’elles ont été composées en vers, puisque c’était la coutume en Inde. Elles constituent cependant les fondements doctrinaux d’un nouveau bouddhisme, le Mahâyâna ou Grand Véhicule, qui est parti à la conquête de l’Asie du Sud-Est et de la Chine. Il a pris l’allure d’une véritable religion, puisqu’il s’est aussi doté de dieux. On peut le considérer comme une sorte de polythéisme. J’en parle pour donner une vue d’ensemble du bouddhisme mais je n’adhère pas à ces croyances.

Le reste du livre parle de science. Dans le cinquième chapitre, je démontre que la conscience est caractéristique de tout être vivant, d’abord des animaux que je mets sur le même plan que les êtres humains, et même des plantes, comme l’affirment très sérieusement certains botanistes. Le bouddhisme est en parfait accord avec la science. Il avait reconnu aux plantes une conscience très rudimentaire, sous forme d’une sensibilité au toucher (Vinaya Piṭaka, I, 155-156). Ainsi, quand je parle de la vie, il s’agit de tout être vivant.

Soyons clairs : la science ne prouvera jamais que l’on renaît après sa mort. Les expériences de mort imminente sont une fausse piste. Cependant, elle entrouvre peut-être une porte vers un « au-delà » accessible par le sommeil : dans leurs rêves, une partie des handicapés de naissance se voient exactement comme s’ils n’avaient pas de handicap. Cette observation laisse certains scientifiques perplexes.

Le sixième chapitre donne une très brève histoire de la vie et quelques-unes de ses caractéristiques, notamment l’omniprésence de la souffrance et de la mort. Il y a des avantages à vivre mais c’est un combat permanent. Apparus quatre milliards d’années après la formation de la Terre, les animaux ne peuvent guère subsister qu’en tuant d’autres êtres vivants, d’où l’existence d’une violence omniprésente. L’esprit très développé des hommes est un avantage pour eux mais pas pour la vie. Leurs instincts de prédateur, leur avidité et leur aveuglement les rendent capables de détruire leur monde, et il n’y a pas de dieu pour les en empêcher.

Le bouddhisme originel est profondément athée, le Bouddha ayant ignoré tous les dieux de l’hindouisme. Je profite de ce chapitre pour démonter les arguments des créationnistes, selon lesquels Dieu a créé la vie. Non seulement les êtres vivants se créent eux-mêmes, mais ils créent leur monde. Individuellement ou collectivement, nous sommes responsables de tout, y compris de nos malheurs.

Cette affirmation est incompatible avec l’existence de Dieu. Les neurosciences vont dans ce sens et la mécanique quantique également. Je la présente dans le septième chapitre. Ce faisant, je réponds à des auteurs qui entendent trouver des preuves scientifiques de l’existence de Dieu. Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies soutiennent que l’Univers a un commencement et donc un créateur. Le professeur de physique Yves Dupont a par la suite cherché Dieu dans les principes de la mécanique quantique. Il en fait une bonne présentation, mais au lieu de souligner le fait qu’ils mettent en doute la réalité du monde matériel, il y voit l’empreinte du Dieu. Il affirme de plus que les mathématiques, très utilisées par la mécanique quantique, sont d’inspiration divine.

Je le contredis en montrant comment les mathématiques ont été construites. On n’y trouve nulle part Dieu, mais seulement l’inventivité de l’esprit humain et beaucoup de logique. J’en ai profité pour donner une présentation correcte des principes de la mécanique quantique. Cela semble compliqué mais tout est défini en quelques mots (même la notion d’ensemble) et l’utilisation d’une petite dose de langage mathématique donne une grande clarté à la mécanique quantique. Elle en paraît moins mystérieuse. Je ne discute pas de problèmes compliqués, comme les inégalités de Bell et l’intrication quantique.

Je n’ai absolument pas l’intention de prouver scientifiquement ce que disent les textes bouddhiques. On vérifie certaines de leurs affirmations en pratiquant la concentration sur la respiration, mais à un niveau très élevé. Mon intention est de placer la vie sous les éclairages croisés du bouddhisme et de la science et de voir ce qu’il est possible d’en déduire. Je cherche à les concilier quand ils ont l’air de se contredire. Les neuroscientifiques pensent avoir définitivement prouvé que la conscience est le produit de notre activité cérébrale et donc qu’il n’y a plus rien après notre mort, quand notre cerveau cesse de fonctionner. Pour moi, leurs observations sont exactes et très intéressantes mais ils n’ont pas tout découvert. Ils seraient surpris de savoir ce qu’il est possible de faire avec cette technique de concentration. Les moines bouddhistes dont ils ont examiné les cerveaux ont beau être des méditants expérimentés, ils n’ont pas atteint le niveau de Phramaha Thawanh. La plupart ne pratiquent pas la concentration sur la respiration, inconnue des pays du Mahâyâna, mais d’autres exercices de concentration.

Après cela, il est facile de dire ce que nous faisons en ce monde. La réponse vous paraîtra peut-être trop évidente, à condition que vous admettiez que nous renaissons tous après notre mort. Si vous n’y croyez pas, ce que je peux très bien comprendre, cet ouvrage vous donnera matière à réflexion sur ce que nous savons de la conscience et de la vie, sur la mécanique quantique ainsi que sur le bouddhisme. Ce grand courant philosophique a régné pendant plus d’un millénaire sur deux des plus grandes civilisations, celles de l’Inde et de la Chine, et reste encore trop peu connu en Occident.

Belfort, le 25 septembre 2025

Moi le lendemain de mon ordination, il y a presque quarante ans. J’ai vieilli depuis cette époque, mais comme le rappelle le bouddhisme, c’est normal.