Méditer au quotidien, Une pratique simple du bouddhisme : la pratique de la concentration selon Henepola Gunaratana

Henepola Gunaratana est un moine cinghalais né le 7 décembre 1927. À ma connaissance, il est toujours en vie, ce qui lui donnera dans un mois un âge vénérable de 98 ans. Il a écrit son livre, dont le titre original est Mindfullness in Plain English, en 1990. C’est un ouvrage excellent. J’en conseille la lecture à toute personne qui souhaite commencer à pratiquer la concentration sur la respiration. Les éditions Marabout continuent à le diffuser au prix de 6,90 €, qui est très abordable.

Il s’adresse aux débutants. Pour ceux qui veulent aller pour loin, il a écrit un autre livre, dont le titre français est Introduction à la méditation profonde en pleine conscience. Aller plus loin, cela veut dire atteindre les états d’absorption, dans lesquels on est tellement concentré que toute pensée est totalement arrêtée et que l’on est plongé dans un bonheur ineffable. Ceci dit, je ne crois pas qu’il soit possible de connaître ces états en pratiquant la méditation sans aucun maître, avec un livre pour toute aide. Si quelqu’un peut me contredire, je serais heureux d’avoir son témoignage.

Un autre problème est que Henepola Gunaratana considère la concentration sur la respiration comme de la pleine conscience (mindfullness en anglais, littéralement « plénitude mentale »). C’est affirmé dans le titre anglais du livre et dans la première phrase de l’introduction : « Le sujet de ce livre est la pratique de la méditation Vipassana », terme qui est traduit en français par « vision intérieure ». À coté de Vipassana, il y a Samatha, qui est la tranquillité de l’esprit. Le pratiquant est amené à se concentrer sur un objet unique, sans qu’il lui soit permis de s’en éloigner. Quand c’est accompli, un calme profond se répand dans le corps et l’esprit, un état de tranquillité qui doit être ressenti pour être compris. Il dure jusqu’à ce que le pratiquent interrompe sa concentration. Cet état de ravissement est beau, délicieux, significatif, mais temporaire.

Pour atteindre ce calme profond, ce ravissement, il est nécessaire de fixer son esprit sur quelque chose. La respiration est le support de concentration le plus fréquent, mais il n’est pas le seul. La liste des supports que donne Henepola Gunaratana me laisse un peu perplexe : une prière, un certain type de boîte, un chant ou la flamme d’une bougie.

En fait, on considère traditionnellement qu’il existe 40 supports (ou Kasina). Les 10 premiers, les artifices, sont la terre, l’eau, le feu, le bleu-vert, le jaune, le rouge, le blanc, la lumière et l’espace. On se concentre par exemple sur un disque de couleur rouge, sur de la terre placée dans un cadre circulaire, sur un bol contenant de l’eau ou sur un cercle de lumière. Les 10 supports de concentration suivants, les impuretés du cadavre, ne sont pas accessibles aux Occidentaux : ce sont des cadavres dans différents états de décomposition, allant jusqu’au squelette totalement décharné. Dans l’Inde ancienne, on pouvait les voir dans des charniers. Ils permettent de méditer sur l’impermanence du corps. On trouve la respiration dans les 10 supports appelés les réminiscences, avec le Bouddha, le Dhamma (son enseignement) et la Sangha (la communauté monastique). Citons encore 4 supports de méditation non matériels, permettant d’entrer dans des états d’absorption immatériels : la sphère de l’espace illimité, celle de la conscience illimitée, celle de la vacuité et celle de ni perception ni non-perception.

Bref, les prières et les chants ne font pas partie des supports de concentration traditionnels et je ne crois pas que l’on puisse entrer dans un état d’absorption en se concentrant dessus. Henepola Gunaratana mentionne les « 40 sujets de méditation » mais je ne sais pas s’il met les prières et les chants dedans. Ce n’est pas clair.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *